L’interview de Tobie Lolness

Tobie Lolness est l'invité d'honneur de l'édition 2023 de notre festival de cinéma en forêt. A cette occasion, il a bien voulu accorder un entretien exclusif à Timothée de Fombelle dont nous vous livrons ci-dessous le texte intégral.

Tobie, vous êtes connu dans le monde entier, mais pourriez-vous quand même vous présenter en quelques mots, en quelques phrases ?
Je suis né en 2006 entre les pages d’un livre, mais j’ai vécu toute ma vie au milieu des branches. D’abord dans les cimes, tout près du ciel, à côté de la maison de ma grand-mère, puis vers les basses branches, un vrai labyrinthe que j’ai appris à découvrir pendant l’exil de ma famille. Si je dois me trouver un signe particulier… Je dirais que je mesure 1 millimètre et demi, ce qui n’est pas grand pour mon âge.

Comment s’est passée cette première expérience de cinéma ? Est-ce que certaines scènes ont été plus difficiles à tourner que d’autres ?
C’était très nouveau pour moi. Je n’ai pas un tempérament de héros même si mon nom est aujourd’hui en haut de l’affiche. Le plus difficile a été de remettre mes pas dans des épisodes douloureux de ma vie de fugitif. Refaire moi-même toutes les cascades sans doublure : des chutes vertigineuses, l’attaque d’une araignée veuve noire, etc… C’est une expérience inoubliable.

Est-ce que c’est le début d’une carrière d’acteur ? Quand vous serez plus grand (sans vouloir vous vexer bien sûr !), est-ce un métier que vous voudriez exercer ?
Non, j’ai joué mon propre rôle dans cette série parce que je ne voulais pas le confier à un autre. Mais je crois que j’aurais du mal à interpréter d’autres vies que la mienne. Et ma taille m’empêche de toute façon de jouer les personnages trop ordinaires !

On connaît vos liens avec Timothée de Fombelle, votre biographe. Quels conseils vous a-t-il donnés avant que vous vous lanciez dans cette aventure cinématographique ? Il paraît que le roi de Brobdingnag est jaloux, vous êtes au courant ?
Oui, Timothée de Fombelle a raconté ma vie. Il l’a fait plutôt fidèlement. Je lui avais tout raconté, une nuit dans les branches. Cela a créé des liens très forts entre nous. Mais pour cette nouvelle aventure sur les écrans, il a préféré faire confiance, n’a pas signé l’adaptation et ne m’a pas donné de conseils particuliers. Je ne suis plus un enfant qui a besoin de son soutien. Je vole de mes propres ailes ! Quant au Roi de Brobdingnag il règne sur un peuple de géants et s’est toujours considéré supérieur. Je suis bien content s’il est enfin jaloux d’un minuscule…

Vous avez accepté d’être l’invité d’honneur de Branche & Ciné 2023. Que pensez-vous de la thématique du festival cette année ? Croyez-vous que le monde se porterait mieux si nous nous perchions plus souvent dans les arbres ? En avez-vous discuté avec votre ami Côme Laverse du Rondeau ?
Quelle fierté d’être à l’honneur pour ce festival Branche et Ciné. Oui, du haut des branches on voit le monde avec recul. Et ce qui semble banal devient extraordinaire. Vous faites bien de citer le Baron Perché de Calvino, parce que je pense tout le temps à une belle phrase dans laquelle il dit « Je lèverai toute une armée dans les arbres et je ramènerai à la raison la terre et ses habitants ». Pour moi, c’est le plus beau projet. Grimper tout là-haut pour transformer ce qui se passe sur la terre.

Serez-vous présent aux avant-premières ?
Oui, je regarderai cela depuis les branches. Vous ne me verrez pas mais je serai là, et tout mon peuple avec moi, assis le dos contre l’écorce. Et dans les silences, si vous ne faites aucun bruit, vous entendrez nos rires, nos sanglots et nos applaudissements. Vous croirez que c’est le bruit du vent, mais ce sera nous !

Question de forestier : parmi les arbres dans lesquels vous vous êtes déjà perché, avez-vous une préférence pour une essence particulière ?
Je suis un amoureux du chêne, parce qu’on y trouve tout ce que j’aime : des canyons profonds dans l’écorce, des immenses forêts de mousse, des cabanes que l’on peut faire dans les cupules des glands. Et puis quand on choisit un arbre comme planète on tient à sa force et sa longévité.

Quelles sont vos activités favorites en forêt ? On connaît le rapport étroit que vous entretenez avec la Nature : avez-vous aujourd’hui des préoccupations environnementales ?
Je tiens de mon père Sim Lolness une passion de l’observation, et de ma mère Maïa un goût de la contemplation. Mais j’ai appris tout seul à grimper, bondir, me cacher. Une vie entière passée dans le grand arbre pousse forcément à connaître sa fragilité et donc à en prendre soin. Alors oui, je suis attentif et optimiste. Je parcours les branches en essayant d’avoir le pas léger pour ne pas laisser de trace.

On vous prête une idylle avec Elisha, qui interprète son propre rôle, vous confirmez ?
Peut-être… (Il rougit). C’est quelqu’un que… j’admire infiniment. J’ai connu Elisha au bord d’un lac qui s’était formé à la place d’une branche arrachée. Je me rappelle la première fois où j’ai entendu son rire… Mais vous n’avez qu’à voir le dessin animé ! Allez en forêt, ouvrez grands les yeux. Vous saurez tout.

 

Merci à Timothée de Fombelle de s’être prêté au jeu et d’avoir rédigé, avec talent et gentillesse, cette interview unique en son genre.